Landelow trail : un week-end (mémorable) dans la fournaise
- Valentin Verger
- 17 juil.
- 8 min de lecture

On en parlait depuis plusieurs mois, mais cette fois, on y est. Vendredi 20 juin, nous prenons la route peu avant midi pour nous rendre dans le village alsacien d’Andlau, situé à l’est des Vosges, mais assez proche que pour proposer un relief bien prononcé, qu’on peut qualifier de montagneux. Les 8 candidat·e·s se répartissent dans trois voitures. La 1ʳᵉ, regroupant Catherine, Aude et Valentin, s’élance la première et réussit à éviter les files qui vont se créer sur la E411 juste après leur passage. Le piège se referme juste après et c’est en plein dans ce dernier que vont s’engouffrer les 2 autres voitures qui perdent vite 50’ et plus d’une heure. Ça commence bien…
Vincent, pour qui Waze est une marque de vêtements provenant de Sumatra, se fie à son GPS qui a envie de flâner en chemin pour débourser 7 heures de route au final. Diantre, cela augure-t-il d’un trail à rallonge ?
Le village d'Andlau est, quant à lui, vraiment joli. Encastré dans une cuvette, vous le découvrez tardivement après un énième virage, mais quand il apparaît enfin, c'est un véritable plaisir pour les yeux avec des versants boisés ou remplis de vignes bordant le village. L'hôtel, quant à lui, est très correct avec des chambres un peu vieillottes (sauf celle d'Aude qui a une douche ultra-moderne en comparaison de la baignoire à 2 robinets de la chambrée Gilles-Nathias) et surtout idéalement située à 400 m du départ du trail.
Arrivés un peu tard, la perspective de faire une petite dégustation alsacienne avant le souper se réduit à peau de chagrin, mais finalement, nous dégottons un vigneron bio du village qui nous accueille avec beaucoup de sympathie et nous présente son épouse qui courra aussi le 15 km du trail. Les rasades dans les verres sont généreuses et nous en profitons allégrement, sauf Valentin, qui déjà concentré sur son challenge « de ouf », rechigne à tremper les lèvres dans un verre de vin, craignant sans doute que les effluves alcoolisées de riesling ne viennent perturber sa performance du lendemain.

Catherine, Aude et Vassilis, tout à fait novices au niveau d’une dégustation dans un caveau, écarquillent les yeux en voyant les joyeuses rasades de jus de raisin fermenté répondant aux doux noms de riesling, pinot gris et blanc, sylvaner et gewurztraminer. La sympathie du vigneron est donc récompensée par de petits achats… conséquents pour certains.
La dégustation est, curieusement, suivie par un léger footing pour les uns et une petite balade pour les autres avant que la 3e voiture (Justyna, Gilles et le chauffeur Nathias) n’arrive à l’hôtel. Il est alors temps de prendre une bonne ration de glucides en prévision des efforts à prester le samedi : et en Alsace, qui dit glucides, dit spätzle qui seront au suprême de volaille, au munster ou à la sauce de champignons en fonction des goûts de chacun. Mais le plus drôle, c’est la joie qui éclaire le visage de Vassilis en apercevant le gâteau proposé en dessert : un gâteau meringué à la rhubarbe. Il faut dire que le gâteau, au pays de Vassilis, on le consomme à tout moment et surtout au déjeuner. La soirée s'étale alors de manière sympathique et chacun se dirige doucement vers son lit pour prendre un maximum de repos avant le trail tant attendu.
Le lendemain, le déjeuner est frugal, chacun pensant déjà aux pentes à affronter sous la canicule de l'après-midi. Toutefois 2 kuristos font exception à cette concentration féroce en choisissant une dégustation chez un autre vigneron. Gilles et Vincent profitent ainsi d'un dernière occasion de faire connaissance avec le vignoble alsacien. Entre les deux, il y a pourtant une petite différence de motivation : alors que Vincent, ne voulant pas hypothéquer ses chances pour l’après-midi, se fait violence en crachant chaque gorgée de vin, Gilles essaie de faire de même, mais à chaque fois qu'il veut cracher, il est bizarrement pris d'un soubresaut qui le fait ‘malencontreusement’ avaler. Pendant ce temps-là, la studieuse Justyna s'isole pour parfaire son apprentissage du Grec, une langue qu’elle souhaite maîtriser. Pendant le w-e, elle dispose donc, avec Vassilis, d’un professeur de premier choix !
Mais il est temps maintenant de se concentrer sur l'essentiel de notre voyage, càd le trail qui attend chacun de nous. Rendez-vous est pris à 14 h pour encourager Valentin qui s'élance pour son premier trail long, un 50 km avec 2000 D+, un fameux challenge pour lui qui n'a jamais dépassé les 30 km, ni les 1000D+, qui plus est sous une chaleur caniculaire... La concentration est telle qu'il n'entend même pas nos encouragements, son regard est focalisé sur tous les détails du dénivelé qu’il a minutieusement inscrits sur son avant-bras, craignant, sous l’effet de la fatigue, d’oublier ce qu’il a mémorisé depuis une semaine.

C'est ensuite au tour d'Aude de s'élancer pour la rando marche, ayant dû malencontreusement renoncer au trail suite à un genou blessé qui a décidé de lui faire des misères depuis 3 semaines. Une bien cruelle déception pour elle qui se faisait une joie de découvrir le trail de montagne. C'est donc avec le cœur un peu lourd qu'elle s'élance en promettant d'encourager tout un chacun sur le parcours. Son parcours s’avère légèrement chaotique vu l’organisation quelque peu « amateur », les indications pour les randonneurs n’étant pas encore placées. Elle est heureusement remise sur le bon chemin par un bénévole et elle peut ainsi trouver le bon endroit pour encourager les 6 kuristos qui vont arriver.

Deux heures plus tard, c'est au tour de Nathias et Vincent de se présenter au départ du 25 km. La chaleur est encore plus suffocante mais nos 2 compères sont prêts, chargés avec leur réserve d'eau et leurs gels. Une très mauvaise surprise les attend toutefois. A 10' du départ, les organisateurs annoncent que le 25 km est remplacé par un 15 km parce que de très très « méchantes » guêpes ont soi-disant attaqué des participants et des bénévoles du 50 km. Les bras nous en tombent... Toute une préparation pour cette course qui n'est plus celle qu'on attend. Ça fait mal… mais rien à faire, soit on s'adapte à la nouvelle distance, soit on rentre à l'hôtel et on boude dans son coin. C'est donc avec une petite boule au ventre que Nathias et Vincent prennent le départ de cette distance réduite. La suite se passe bien pour Vincent qui remonte concurrent après concurrent après un départ prudent, mais moins bien pour Nathias qui, pris de crampes intestinales, doit se résoudre à filer dans un coin isolé de la forêt pour soulager les douleurs qui le tenaillent.

Pendant ce temps-là, les 4 derniers kuristos se lancent eux aussi dans l'officiel 15 km du jour. Vassilis et Gilles ne pouvant se séparer, s'amusent à se passer et à se dépasser, Vassilis dans les côtes et Gilles dans les descentes. Mais, Gilles, se prenant pour Killian Jornet, est emporté par son élan, ne réussit pas à rester sur ses quilles et dévisse par 2 fois tout en réussissant à ne collectionner qu'une petite plaie au coude.

Justyna de son côté, notre coureuse qui vient du Nord, malgré une aversion profonde pour l’effort sous une telle chaleur, fait sa propre course et prend de cours tout le monde en arrivant plus tôt que prévu. Quant à Catherine, qui accompagne une connaissance, elle finit par prendre le large pour terminer, le sourire aux lèvres et une envie de recommencer.

Chacun a alors le loisir de prendre une douche bienfaisante puis de revenir sur le lieu d'arrivée pour attendre le héros du jour. L’attente est longue et c’est peu avant le crépuscule que Valentin arrive… sous une véritable ola, après plus de 7h d'efforts. Heureusement que les kuristos sont là pour l’accueillir car la ligne d’arrivée est quasi désertée. Il est alors temps de reprendre des forces via pain saucisse, frites, flammekueches et surtout… riesling local. Rideau sur cette journée mémorable peut-on penser... Que nenni, il était dit que le kuristo allait marquer de son empreinte cette soirée festive. En effet, qui dit 21 juin, dit aussi fête de la musique. Et après le concert d’un groupe local, le dj du coin prend commande des manettes en lançant la soirée dansante. C'est au quart de tour que Justyna s'élance pour montrer le chemin. Il n'en faut pas plus pour emmener avec elle Aude, Catherine, Vassilis et Nathias, qui, pendant l'heure qui suit vont incendier la dancefloor sous les morceaux en allemand bien connus des Alsaciens, en oubliant les douleurs qui les tenaillaient depuis l’arrivée pour se déhancher ou pour agiter leurs bras en l’air, comme les danseurs locaux. Puis, arrive le moment qui va certainement marquer les mémoires. Personne ne s'y attend mais le dj, un peu rétro, après avoir lancé la Macarena, chorégraphie bien suivie par les expérimenté(e)s Aude et Nathias (alors que Vassilis s'y essaie pour la 1re fois), fait suivre son set par ‘la Lambada’. Et nous assistons alors, médusés mais surtout amusés, à la prestation du couple le plus improbable formé par Nathias et Vassilis, qui montrent ainsi leurs qualités de danseurs infatigables. Mémorable, oui… vraiment. Petit à petit, les participant(e)s regagnent leur logement et ce sont finalement les 8 kuristos (oui, même Valentin qui retrouve un tant soit peu d’énergie pour ce dernier effort) qui occupent la piste jusqu’au bout de la soirée et font dignement la clôture de cette fête de la musique.
La soirée est-elle terminée ? Pas tout à fait car Vassilis dont c’était l’anniversaire quelques jours plus tard, veut partager avec ses compagnon(ne)s d’un week-end une bouteille de tsipouro, alcool bien connu dans son pays, qui s’avère… assez fort (oufti, on sent bien quand ça passe du gosier à l’estomac).

Dimanche matin, nos 8 trailers se retrouvent au déjeuner et décident de faire une petite balade dans les vignes pour découvrir une jolie vue en hauteur du village qui va nous laisser de très bons souvenirs.

Pour le retour, on décide de se retrouver tous ensemble pour le repas de midi, mais c’est sans compter sur notre ami Waze qui envoie Valentin et Nathias sur des routes différentes alors que Vincent continue à se fier à son gps qui le mène dans un village où les participants d’un trail bloquent la voiture pendant un long moment. Échaudés par cette mésaventure, Vassilis (le copilote de Vincent) décide de télécharger une toute nouvelle application qui permet de trouver de nombreux raccourcis afin de rattraper le retard encouru. Peu connue jusqu’à présent, cette app nommée OTSIRUK va faire des miracles pour rattraper et dépasser allègrement les 2 autres voitures et les attendre longuement au restoroute de Wanlin, à une bonne heure de Bruxelles. C’est donc là que la communauté du Landelow trail se quitte définitivement en se promettant de reproduire l’expérience l’an prochain.
Résultats
50 km Valentin 77e 7h31’18
25 km devenu 15 Vincent 22e 1h20’04
Nathias 261e 1h57’39
15 km Vassilis 203e 1h48‘53
Gilles 209e 1h 49‘32
Justyna 371e (139e femme) 2h17‘56
Catherine 427e (173e femme) 2h49‘45